29 mars, grève générale dans l’État espagnol

Depuis Contra Info et Antidev

La grève générale dans l’État espagnol a commencé tôt le matin du 29 mars. Dans presque toutes les villes des piquets de grève ont été appelés, qui ont précédés aux manifestations (111 ont été appelées dans tout le pays), avec l’objectif d’informer sur la grève, de fermer les commerces qui étaient encore ouverts, par l’action directe, couper les principales voies de communication des villes et éviter que les jaunes aient accès à leurs postes de travail. L’objectif de la grève était double, c’est à dire paralyser autant les moyens de production que de consommation. Ainsi les grévistes ont fait un appel pour bloquer tous les services et que ceux qui ont encore un emploi n’y aillent pas, et d’éviter la consommation à tout prix, sans achat et en évitant l’utilisation de communications, de l’électricité etc … En plus de cela plusieurs collectifs féministes ont fait appel à la grève des travaux  de « soins » ( ménagers, s’occuper des enfants, etc ..) pour rendre visibles les travaux essentiels au maintien de la vie, occultes dans le cadre privé et du foyer.

Alors que la « Réforme du Travail » a été votée au parlement depuis le début février 2012, le budget de l’État a été approuvé le vendredi 30 mars, c’est à dire que le gouvernement va tenter d’imposer, entre autres choses, encore plus d’impôts directs et indirects et va provoquer plus de régression sociale, les secteurs de la santé et de l’éducation étant les plus affectés. Les atrocités législatives, au milieu d’une attaque continuelle contre les travailleurs en Espagne, affectent aussi les chômeurs et les retraités.

Madrid

 

Santiago de Compostela

 

Au milieu d’une crise préméditée du Capital, les gens manifestent dans une tentative d’empêcher la mise en œuvre de ces mesures et résister au processus de détérioration de leur vie quotidienne. La présence de la police était massive dès le début de la journée, mais cela n’a pas empêché les gens de sortir et de manifester. Toutefois, les groupes organisés qui avaient appelés à la grève n’avaient pas tous les mêmes objectifs, ainsi la combativité des cortèges réalisés variait selon la composition des blocs qui formaient les manifs ou piquets dans chaque ville ou quartier.

Des voix de divers collectifs qualifient de réussite le déroulement et la participation à cette journée de mobilisation. Toutefois nous ne pouvons pas oublier les 177 personnes arrêtées dans divers endroits de l’État, les charges policières brutales ni les nombreux blessés, parmi lesquels une jeune syndicaliste poignardée par un patron à Torrelavega (Cantabrie), et un gars de Gazteiz (Euskadi) qui a eu une hémorragie cérébrale et est à l’UCI avec un pronostique réservé, à la suite d’une charge policière.

Et voici à la suite un récit de ce qui s’est passé à Barcelone, comme l’ont vécu nos compagnons depuis les rues de « La Rosa de Foc » : 1, 2, 3, 4

Les piquets ont commencé à minuit. La Diagonal, la Gran Via et d’autres rue principales étaient bloquées par des conteneurs et des pneus en feux. Beaucoup d’établissements étaient fermés au premières heures du matin. Les stations de métro étaient bloquées et n’ont été pas été ouvertes, avec les services minimum, jusqu’à 17:00h.

À midi un piquet central étaient appelé, où les syndicats de base et les divers piquets se sont réunis et sont venus depuis tous les quartiers de la ville. Durant toute la matinée des conteneurs ont été brûlés et les rues bloquées.

Plusieurs groupes de compagnons encapuchonnés ont fermés les stations de Sants, ont attaqué la bourse de Barcelone et se sont affronté à la police. Durant la matinée il y aurai eu quelque 20 détenus ou plus, malheureusement. Malgré ça le matin a été très calme, les choses ne se sont pas déroulées comme nous nous y attendions.

À 16h30 le bloc anarchiste appelait à Jardinets de Gràcia. Les syndicats CGT, CNT-AIT Cataluña, Solidaridad Obrera, SAS et des anarchistes autonomes avaient prévus de se mobiliser. La manifestation a été très active, et près de 3000 personnes se sont trouvés entre tous les cortèges de la manifestation libertaire. Au cours de la manif des actions ont eu lieu, blocage de rues, conteneurs brûlés et attaques de flics. La manif s’est terminé à six heures sur la place Catalunya, où plusieurs syndicats de base et des assemblées de quartier avaient appelé à une manif anticapitaliste.

La manifestation était énorme et la place débordait de gens. Un camion proposa un parcours et une organisation de blocs de la manif. Mais un cordon policier s’est interposé sur ce qui devait être le parcours de la manif unitaire. Alors, sur le boulevard Sant Pere qui connecte la place Urquinaona avec la place Catalunya, un groupe de compagnons encapuchonnés a commencé à faire face au cordon policier et à faire des barricades. La police chargeait, mais elle ne pouvait pas continuer à cause du trop grand nombre de personnes. C’est alors que le groupe nombreux d’incontrôlables a commencé à lancer des pavés, des bouteilles, des fumigènes et des bombes de peinture sur la police, qui commença alors à se replier. Le feu a alors enflammé les esprits sur les barricades.  Le bloc de manifestants, malgré les tensions, ne s’est pas retiré et a continué à résister.

L’intensité de la bataille rangée est devenue évidente. Les groupes d’incontrôlés ont attaqué plusieurs symboles du Capital, comme un Strarbucks et une succursale d’une banque qui ont été incendiés, et le Corte Inglés qui a eu les vitrines brisés, tout comme certaines banques. La police se repliait et les manifestants courraient vers le cordon policier au cri de « résistance, résistance ». Les émeutes dans le centre de Barcelone se sont prolongées durant quelques heures et l’impossibilité des flics d’empêcher le combat social des encapuchonnés à plusieurs occasions a été l’image claire de la journée.

C’est alors que les forces de répression d’État ont commencé à tirer au flashball sur les manifestants et à lancer des lacrymos (pour beaucoup c’était la première fois qu’ils respiraient des gaz lacrymos) en essayant d’encercler la place et de laisser une rue ouverte pour que les gens sorte de là, mais la lutte a continué.

Après la manifestation et malgré le gaz, les patrouilles policières anti-émeute et les charges, les rues fermées, les barricades et les feux ont continué jusqu’à une bonne partie de la nuit, et se répercutant dans plusieurs médias bourgeois.

Demain sera approuvé le budget général, le vendredi notre peuple sera un peuple encore plus esclave, on peut dire que nous aurons perdu, que nous n’aurons pas réussi à faire ce que nous voulions, mais la masse d’encapuchonnés attaquant l’autorité et le Capital est probablement la lumière sur le chemin d’une nouveau projet socio-politique révolutionnaire, sans peur, avec force et lutte. C’est une beau souvenir qui servira comme exemple pour le futur ; rien n’est fini, la lutte continue.

Depuis Barcelone, nous envoyons nos salutations révolutionnaires aux compagnons qui nous ont soutenu et nous annonçons notre intention de lutter à notre échelle, pour la transformation que nous voulons, en profitant de la flamme que d’autres avant nous ont allumé.

L’ANARCHIE OU LA MORT

PS : il est 00:11 et selon des compagnons qui sont encore dans le centre, les foyers se comptent par dizaines. Quelque chose est en train de changer.

Depuis Anti Dev

Barcelone, 29 mars: fin de la paix sociale?

Dans un contexte social déjà tendu, entre coupes budgétaires et chômage massif, le gouvernement espagnol du Parti Populaire lance un nouveau projet de réforme du code du travail. Celui-ci est dans la droite ligne du libéralisme sauvage imposé par les marchés via la Banque Mondiale, le Front Monétaire International et la Commission Européenne. Il accentue encore la précarité au travail en supprimant quasiment les Contrats à Durée Indéterminée facilitant la possibilité de licencier des patrons [vidéo en espagnol expliquant la reforme ici]. Exemple parmi tant d’autres : la période d’essai passe de trois mois à un an, période pendant laquelle on peut se faire virer du jour au lendemain sans raison… Face à cela, les syndicats majoritaires — CCOO et UGT —, pourtant habitués à négocier sagement avec l’État et le patronat, ont décidé d’appeler à une journée de grève générale le 29 mars. Si ces organisations sont largement discréditées par la société, l’ampleur de l’attaque a suscité un tel rejet que tous les secteurs se sont unis à cette journée d’action.

Grève générale en Espagne, combats à Barcelone

Ces dernières semaines, l’ambiance se chauffe peu à peu. Les rues se couvrent d’autocollants, affiches et tags, Internet bouillonne d’appels à participer à la grève. Les assemblées de quartiers et de villages, issues du mouvement 15M de l’année dernière, se réorganisent après un moment de baisse d’activité. Ainsi, la veille, plusieurs quartiers de la ville convoquent à une « cacerolada » (manifestation avec des casseroles sur le modèle argentin) et déambulent dans les rues pour expliquer la grève et inciter les petits commerces à fermer. Le soir même, à minuit pile, plusieurs piquets ambulants ferment les bars bobos des quartiers gentrifiés. Dans le centre, plus d’une centaine de personnes invitent à sortir les clients des bars et ferment les rideaux de fer énergiquement. Le cortège se dirige vers les discothèques pour les fermer. Sur une des grandes avenues de la ville, un loto est toujours ouvert. La tension monte et deux personnes — dont les médias disent qu’elles participaient au piquet — pénètrent dans le local et partent avec la caisse (environ 2000 euros).

Toute la nuit, de nombreuses actions communicatives et/ou de sabotage (surtout contre les supermarchés et les banques) sont réalisées et tôt le matin, les grands axes de la ville sont coupés par des rassemblements syndicaux ou des barricades de pneus enflammés. Peu après, commencent les piquets ambulants des quartiers — plus d’une vingtaine au total pour la seule ville de Barcelona. Ceux-ci sont également parfois assez agités, avec des situations tendues dans les commerces ouverts, des sabotages de bus ou de métro couvrant les services minimaux accordés par les grands syndicats et du blocage de flux avec des dizaines de barricades dans les rues. Plusieurs personnes se font arrêter pendant ces actions. Des colonnes de fumées apparaissent depuis différents points de la ville. Et la grève est LE sujet de conversations et de débats spontanés dans la rue.

À 12h, les piquets des différents quartiers se dirigent vers le centre pour le piquet unitaire, fermant tout sur leur passage. En 2010, pour la dernière grève générale, le rassemblement avait été un succès en terme de nombre avec plus de 4·000 personnes [voir récit de la greve générale de 2010 ici]. Aujourd’hui, c’est plus de 20·000 personnes qui depuis la Place Catalunya montent vers les quartiers financiers où attendent les piquets venus des hauteurs de la ville. Au bout de quelques minutes, la Bourse, étrangement laissée sans protection, est attaquée, avec un feu de poubelle devant la porte. Les Mossos (Police Catalane) débarquent à toute vitesse et chargent mais la manifestation tient et se poursuit assez tranquillement dans la luxueuse avenue du Passeig de Gracia. Arrivés en haut, il y a tellement de monde que l’on en sait pas ou est le début et la fin du cortège.

Un mouvement se crée finalement vers la Diagonal, artère huppée de la ville. À un croisement, un énorme feu est allumé et le siège sociale de Banc Sabadell (une des principales banques du pays et responsable de l’expulsion de milliers de foyers ces dernières années) est totalement détruit puis incendié. À deux rues de là, le reste de la manifestation ne se rend compte de rien et l’ambiance y est plutôt familiale, colorée et festive. Les pompiers arrivent. Certain-e-s manifestant-e-s parlent avec eux et leur demandent de ne pas éteindre les barricades enflammées. « Ça serait dommage que l’on doive vous crever les pneus », entend-on. Les pompiers se déclarent solidaires de la grève, mais finissent néanmoins par intervenir (c’est quoi déjà la solidarité avec les grévistes?).

Les barricades et banques s’enflamment à Barcelone

À 16h30, plusieurs manifestations sont convoquées notamment par les indépendantistes (marxistes), les « iaioflautas » (collectif issus de la commission « personnes agées » du 15M) et les organisations anarchosyndicaliste CGT-CNTs (enfin réunies, après des décennies d’obscures scissions internes). Le cortège libertaire est impressionnant, avec plus de 10·000 personnes. À peine commencé, un groupe détruit méthodiquement les vitrines des banques. Une partie des manifestant-e-s applaudit chaque action mais une autre s’y oppose parfois physiquement. La foule arrive finalement près de la place Catalunya où convergent les différents cortèges à l’appel de la commission « travail » du 15M. Au coin de la place, les deux manifestations se rencontrent en criant « A, Anti, Anticapistalistas !« . Alors que la tête de la manifestation unitaire avec le camion sono attend pour sortir, avec des dizaines de milliers de personnes derrière, les vitrines du Corte Ingles, le symbole du capitalisme espagnol, sont complètement détruites.

La police, présente à 30 mètres, charge ; mais il y a tellement de monde qu’il est tout simplement impossible de disperser la foule. Le journal El Pais parle alors de 275·000 personnes composant les différentes manifs qui bloquent la ville, alors que les syndicats en comptent 800·000. De fait, l’immense place et toutes les rues aux alentours sont remplies à craquer. La police ne laisse pas sortir la manifestation de la place, immobilisant le camion sono, et il y a une sorte de flottement. La situation devient alors incontrôlable : dans un autre coin du Corte Ingles, les manifestant-e-s font reculer la police ; un énorme feu est allumé, puis un deuxième, et certain-e-s commencent à casser les vitrines du centre commercial sous les hourras de la foule, qui demandent en chœur qu’on l’incendie (de la même manière que le Starbucks, qui, à une dizaine de mètres, vient d’être saccagé et incendié).

Derrière, la situation est chaotique : beaucoup critiquent mais restent curieux de voir ce qui se passe, beaucoup sont ravis et disent qu’ »ils n’ont que ce qu’ils méritent » quand tombe une nouvelle vitre, beaucoup d’autres n’ont pas trop l’air de savoir quoi en penser. Devant, ça chante « el pueblo unido jamas sera vencido« . La police essaye une nouvelle fois de charger en attaquant au flashball, mais la masse reste compacte et résiste, faisant même parfois reculer les flics à nouveau. Ceux-ci finissent alors par lancer des gaz lacrymogènes, ce qui ne s’est pas vu ici depuis plus de 20 ans. Tout le monde est extrêmement surpris ; la plupart des gens sait à peine ce que c’est. Mais la solidarité entre manifestant-e-s est impressionnante : l’eau et la bouffe se partagent, pendant que les blessé-e-s sont soigné-e-s sur place ou transporté-e-s vers l’arrière.

Une sirène retentit, mais cette fois, c’est un groupe de pompiers en grève et en uniforme venus participer à la bataille. Ils se mettent devant, parmi les manifestant-e-s, et aident à relancer les grenades lacrymogènes. La police parvient malgré tout à vider la place Catalunya et occupe alors tous les accès. Tellement de monde, situation incontrôlable. Les barricades enflammées se multiplient. Pour autant, les gens sont à la fois en alerte et détendus, se promenant au milieu du bazard. Le ballet des camions de flics qui passent à toute vitesse pour semer la panique (par peur d’être pris pour cible ?) fonctionne de moins en moins, alors que les deux hélicoptères tournent en tous sens entre des colonnes de fumée. Il ne doit pas rester beaucoup de vitrines indemnes dans ce coin hyper friqué, quand les rues du centre se vident peu à peu, sur fond de sirènes omniprésentes dans toute la ville.

Le lendemain, les pouvoirs politiques et policiers essayent, via les médias aux ordres, de transmettre l’image d’une grève peu importante et d’un phénomène marginal de violence dans les rues de Barcelona. Le gouvernement espagnol refuse même de négocier avec les syndicats majoritaires, qui proclament à tout va que la lutte doit se poursuivre. Le gouvernement catalan ne parle, lui, que d’un problème d’ordre public, cherchant à durcir ses lois. Selon lui, la seule solution possible est de criminaliser la « délinquance minoritaire », et notamment la cinquantaine de détenu-e-s dont trois ont éte placé-e-s en détention préventive. Comme si ce qui constitue l’une des plus importantes journées de révolte populaire depuis la chute de la dictature fasciste n’avait pas pour origine l’injustice croissante du système et le rejet frontal des politiques. Les informations pullulent sur Internet, notamment via une agence de presse parallèle organisée avec les journaux, radios, et télés alternatives locales ou via Twitter.

Le printemps s’annonce chargé, puisque le 3 mai se rassemble la Banque Centrale Européenne à Barcelone. Le 12 mai se tient la manifestation unitaire du 15M, avec certainement des nouvelles occupations d’espace public sur tout le territoire espagnol. Et enfin, le 15 mai, une journée mondiale d’action internationale contre le système financier est appelée par une coordination d’activistes des 15M espagnol, de Ocupy Wall Street ou San Francisco, de participant-e-s aux révoltes de Tahrir, de secteurs en lutte d’Amérique du Sud, etc.

L’histoire n’est pas terminée. Nos vemos por las calles !

À Barcelone… ça ne fait que commencer.

(quand Starbucks rencontra Moby Dick)

Autres vidéos et photos sur Contrainfo

Addendum: En guise d’à-propos, l’admin de ce blogue qui retransmet, avec plaisir, ces infos désire exprimer sa grande “indignation” face aux robots bureaucrates de la CLASSÉ, surtout de sa “Division des communications”, pour se foutre (démocratiquement!) des mouvements de luttes comme celui-ci, ainsi que des luttes bien plus stratégiques et en profondeur qu’une enième manif contre les stupides bureaux de Loto-Québec, telles que celles menées, ici-même, contre le Plan Nord ou bien le développement techno-scientifique, enjeux de loin plus cruciaux pour ce gouvernement corporatiste que la vente de billets de lotterie à la con. Leur censure (refus de couvrir, et donc de supporter) de tout ce qui semble leur paraître comme “trop radical” comme actions et soulèvements populaires, surtout en parallèle à leur léchage de cul des médias corporatistes (qu’ils devraient plutôt avoir comme cibles, car détenus par les mêmes riches exploiteurs qui couchent avec le gouvernement) est enrageante.

Bref, trop souvent, les (in)communications de la CLASSÉ puent le renfermé. Pas (ou une quantité insignifiante) d’efforts sont faits pour mettre cette grève en perspective avec les luttes parallèles ici et ailleurs dans le monde, contre l’austérité et l’invasion de la haute finance. On est pas loin de la rhétorique vide et préfabriquée des fédés… (peut-être y est-on?) juste légèrement plus épicée, saveur Radio-Canada/La Presse, prenant soin de pas trop brasser la cage, de pas trop aller au fond du problème. Typiquement démocratique, tout ça… à l’image de l’aliénation des masses, de la pensée unique, de l’auto-délation inconditionnelle et irréfléchie à Facebook.

Or j’appelle à tous les chères lecteurs-trices à donner à ces petits blancs-blecs de mâles privilégiés jouant aux révolutionnaires avec leur carré rouge, ces petits socio-démocrates et corpocrates en herbe, ces candidats d’un autre parti politique à la solde du FMI, la claque sur la gueule critique qu’ils méritent, pour leur tentatives de forcer le mouvement dans l’entonnoir politique de leur revendication unidimensionnelle, nationaliste et tout-compte-fait bien polie envers le pouvoir capitaliste. Faites-le durant leur congrès… les manifs… dans vos assos… ou en attaquant leur(s) page(s) Twitter/Facebook de merde… mais je vous incite, encourage, convie chaudement à le faire, de tout coeur.. Et ce n’est pas une critique contre le mouvement de grève, ni ses causes (que j’appuie) mais contre ceux qui se veulent être ses “chefs” et osent parler au nom des foules, dans leur langue de bois qui étouffe la diversité des tactiques et perspectives.

Ici comme en Espagne, les élites bureaucratiques du mouvement sont, avec la Police, l’élément le plus contre-révolutionnaire. Car quand on est plus de 200 000 jeunes dans les rues du centre-ville d’une métropole, et qu’ils nous amènent à rentrer chez nous après seulement quelques heures passées à nous tenir en laisse, c’est un acte servant l’ordre capitaliste avec une efficacité qu’aucune Police ne peut égaler. Ce qu’ils ne font pas avec les “paniers à salade”, ils le feront avec des autobus jaunes, et le contrôle des foules, c’est dégeulasse et despotique, qu’il soit planifié dans un meeting d’asso comme dans un briefing de flics. Que la grève soit sociale, et la résistance mondiale!

Solidarité avec les grévistes de partout.

Pour l’arrêt définitif de ce monde, de sa civilisation, pour atteindre son Point de non-retour.

Depuis Contra Info

Vous avez dû nous matraquer, nous tirer au flashball au visage, nous asphyxier avec vos gaz. Vous avez dû nous arrêter et nous maltraiter,  nous emprisonner et nous isoler. Vous avez dû nous menacer avec de nouvelles lois et  dire à tous que nous sommes des « terroristes ». Vous avez dû faire tout ça et bien plus, pour faire en sorte que nous baissions la tête. Mais malgré tout ça vous n’y êtes pas arrivé.

Le 29 mars nous avons allumé des feux avec toutes vos menaces, avec tous vos ordres et chantages. Nous n’étions pas un groupe, nous n’étions pas 300 ni 2000, nous étions beaucoup plus. Nous étions tous ceux que chaque jour vous piétinez en pensant que jamais ils ne se rendront. Nous sommes tous ceux que vous exploitez dans un travail précaire. Ceux que vous envoyez à la rue quand vous avez envie, ou à qui vous retirez la maison quand ils ne peuvent pas payer. Ceux que vous gouvernez comme des ressources, comme des chiffres de statistiques. Le 29 mars nous vous avons désobéi et soudain tout s’est mis  à trembler. Maintenant nous sommes conscients de notre force. Nous sentons que votre monde s’enfonce et nous ne vous aiderons pas à le soulever. Nous préférons construire le notre.

Fin de l’obéissance.

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