The Battle of Victo – témoignages

depuis Chercher des poux

J’ai de la difficulté à réfléchir. J’ai la tête pleine d’images, de cris. Les nouvelles des blesséEs me serrent aussi le coeur. Perdre un oeil? Coma? Je suis tellement bouleversée…

“MAALOX!!!”, “MÉDIC!!!” Ce sont les deux cris qui revenaient sans cesse. Tout le monde pleurait, criait, morvait, courrait dans tous les sens… Je vais finir par démêler ça, mais en attendant je laisse la place à des témoignages, pris sur les réseaux sociaux, plus construits que mes pensées. Par contre, je tiens absolument à donner un gros soleil à la gang qui a vaillamment réussi à sortir un camarade de l’emprise de flics qui n’étaient vraiment pas équipés (étrangement…contrairement à tous leurs autres collègues…) pour intervenir en plein milieu de ce contexte.

Yesterday CUTV News tried to help get an ambulance for demonstrator shot in the head. SQ refused to get help and told us to call 911. It took around 20 min to get help. CUTV (Concordia University Television) will release video in a few hours.

SQ must be held legally responsible for shooting a high velocity plastic bullet at close range at the head of a demonstrator and then blocking access to an ambulance.

To add insult to injury the SQ took advantage of demonstrators opening a gap for the ambulance to attack the crowd which delayed the ambulance for another 5 minutes. Crucial minutes in the life of head trauma.

Even if the Private and Public media would like to fudge on how was the Student injured, the SQ purposefully delayed any possibility of aid arriving at the site.Yesterday CUTV News tried to help get an ambulance for demonstrator shot in the head. SQ refused to get help and told us to call 911. It took around 20 min to get help. CUTV (Concordia University Television) will release video in a few hours.

J’aimerait remercier la compagnie d’autobus qui nous as transportés a Victo hier malgré qu’il est reçus des “menaces” du gouvernement et police de pas faire de transport a Victoriaville ….confirmé par la chauffeuse de bus hier soir…

Trois membres du collectif de Lux Editeur étaient sur place et nous pouvons témoigner de 3 choses: 1) c’est une balle de caoutchouc qu’a reçu en plein visage ce manifestant 2) la police a refusé d’envoyer une ambulance sur les lieux et nous a dit d’appeler le 911 et 3) la police a empêché les secouristes de faire leur travail en les gazant délibérément et les chargeant.

La manif a été déclarée illégal après moins de dix minutes. L’annonce a été faite devant les resto à coté du Centre des congrès. J’étais en haut de la pente et j’ai tout vu. Il n’y avait eu que 2 clôtures de déplacée et la ligne imaginaire de sécurité était même respectée. Au premier feux d’artifice, l’antiémeute arrivait. Fin de la manif légale. Moins de 10 minutes. Ils demandaient de se disperser et nous étions en souricière, encerclés par l’antiémeute. Comme il y avait poussettes et vieillards à la fin de la manif, nous avons dégagé avec eux, nous étions 20 personnes max. Avec négociation. Tous les autres vous avez été menacé d’arrestation, etc… sans jamais le savoir. Après il y a eu à l’intérieur de la souricière le gazage de masse. Moyenne d’âge des gens a mon avis, est de 40 ans. J’ai jamais soigné autant de yeux de personnes âgées qu’hier soir! C’était pathétique, et le mot est faible.

Un manifestant black bloc m’a vue en panique, poivrée et aveuglée, en plein milieu de l’émeute. J’étais avec une manifestante, elle aussi en panique et les yeux en feu. Nous étions désorientées, complètement, et on hurlait à l’aide. Les bombes assourdissantes nous tombaient aux pieds et on ne voyait rien. Les gaz vomitifs nous faisaient tousser et lever le coeur. Il est venu, il nous a pris la main, il nous a dit de le suivre, de courir, plus vite, oui même avec les yeux fermés, go les filles il faut courir, il a sorti son maalox de son sac en vitesse, penche la tête, ouvre tes yeux, il nous a aidé à calmer la brûlure qui nous faisait hurler. Il m’a passé la main dans les cheveux, m’a regardé dans les yeux pour s’assurer que tout allait bien et il est parti aider d’autres manifestants en détresse. Voilà le black bloc que vous pointez du doigt.

De très petites clôtures servaient de périmètre de sécurité. Une palette de briques était déposée à l’extérieur du périmètre. Lorsque la foule s’est massée devant l’hôtel, les clôtures ont commencé à être déplacées, comme s’il s’agissait de vulgaires obstacles. L’antiémeute débarque soudainement et gaze tout le monde avec des lacrymogènes, voire des vomitifs. Enfants, adultes, vieillards, étudiants, écolos… Tout le monde panique. Le chaos. Dès lors, une radicalisation importante s’installe. La rage a gagné les manifestants, quels qu’ils soient. «J’ai même vu un couple de personnes âgées lancer des pierres aux anti-émeutes en les traitant de bandits» raconte un pote.

Alors que de l’autre côté de l’édifice, des personnes lancent des pierres sur un bus vide de l’escouade anti-émeute, un V.U.S. de la police arrive en plein milieu de la foule en colère et deux policiers en équipement léger en sortent pour arrêter un des fautifs, faisant fi de la tension et des risques tout autour d’eux. Lorsqu’ils projettent un gars au sol, une foule se lance sur l’un des deux policiers, alors que l’autre est retourné dans le véhicule et est pratiquement entrain d’écraser des manifestants pour tenter de s’enfuir, tout ça devant un groupe de l’escouade anti-émeute qui prends tout son temps pour intervenir.

on a fait une chaîne humaine devant le blessé en scandant “y a un blessé” et la rangée de policiers continuait d’avancer sur nous, tirant des grenades de lacrymo (ou autre gaz terrible) a quelques mètres. il a fallu le déplacer 3 fois a cause des assauts de l’anti-émeute, et l’ambulance a mis au moins 30 mn a se rendre

Revue de la journée : un oeil perdu, tympan perforé, oreille sectionnée, genoux et chevilles blessé-e-s par des balles en caoutchouc, coma, malaises à cause des gaz… Mais devant cette répression, j’ai été impressionnée de voir à chaque fois des dizaines d’inconnu-e-s se porter à la rescousse des blessé-e-s. Je suis fière d’être de ce côté de la barricade.

Malgré l’hélicoptère, les bombes qui explosaient à nos pieds, le gaz partout qui brûle la peau, la gorge et les yeux, malgré le sang de certains, les cris de plusieurs, les assauts répétés de la police, leurs balles de caoutchouc pour nous faire mal, leur indifférence devant les blessés ou l’âge des manifestants, pendant que d’autres discouraient sur leur avenir politique bien à l’abris et méprisant ceux qui se battent dehors, malgré tout ça, nous avons pris le temps de regarder, émerveillés et surpris, le ciel traversé par un vol d’oies sauvages au-dessus de nos têtes

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